AccueilActualitéGermaine Krull, un destin de photographe
Retour

Actualité Publié le 23 juin 2015

Germaine Krull, un destin de photographe

Germaine Krull, un destin de photographe

Au Jeu de Paume jusqu’au 27 septembre 2015


 

L’ardeur photographique


Née en 1897 en Pologne, décédée en 1985 en Allemagne, Germaine Krull a traversé le siècle. Même si le principal de son œuvre couvre les années 20 et 30, elle continuera de photographier toute sa vie, notamment durant ses missions de reporter à Alger en 1943, puis en Asie du Sud-Est en 1946, avant de s’établir à Bangkok comme directrice d’hotel, et de prendre fait et cause pour les Tibétains en exil, dans les années 60. Passionné du livre photographique, elle multipliera sans relâche les projets d’édition, jusqu’à celui qui devait accompagner une grande rétrospective parisienne promise par son ami André Malraux et qui fut annulée. Sans ressources, malade et ayant perdu la majeure partie de ses clichés, elle rejoindra sa sœur et mourra en Allemagne.
 

Pionnière de la photographie moderne


C’est avec ses vues en contre-plongée de grues, de ponts, de silots et de la tour Eiffel, rassemblées dans un ouvrage intitulé « Fers », qu’elle devient dans les années 20 l’une des figures de l’avant garde. Ses études de nus féminins en 1923, ouvertement érotiques, font d’elle une photographe reconnue et courtisée par les artistes et notables de la vie culturelle. Dans ces mêmes années, pour le magazine VU, elle photographie la vie parisienne, les bas-fonds et les petites gens. Des photos intimistes proches de la personne ou totalement oniriques sur les détails de la ville tout à fait méconnaissables, réalisées à main levée avec le tout nouveau folding Zeiss Icon Icarette, qui sera l’occasion de son célèbre « autoportrait avec Ikarette ».

Proche de la nouvelle vision défendue par László Moholy-Nagy, elle multiplie les points de vues, bouscule les formes et les lumières dans un cadre précis et revendiqué. Sa photographie est souvent déconcertante mais elle restera éloignée des mouvements surréalistes, le sujet demeurant pour elle primordial. Cette manière de photographier, totalement libre, souvent désinvolte, novatrice, appliquée à des sujets aussi divers que le nu, le portrait, la mode, le photo roman, la publicité, fait qu’elle est considérée aujourd’hui comme l’une des principales pionnières de la photographie moderne.



L’exposition présentée au Jeu de Paume met parfaitement en valeur la diversité du travail de Germaine Krull et son intérêt pour le livre photographique, notamment en variant les présentations : documents originaux en vitrines, photocopies appliquées directement sur les murs, épreuves gélatine argentique, tirages tardifs, héliogravures, encadrement et formats multiples,… On entre dans un univers infini où la photographie libre et créative, se montre, s’édite, s’affiche, se rend utile. Pour cet événement l’édition se devait d’être au rendez-vous et elle l’est, avec un catalogue bien conçu et bien imprimé sur des textes du commissaire de l’exposition, Michel Frizot, et l’édition chez Textuel, pour la première fois en France, de son autobiographie « la vie mène la danse »

 

Niels Sidsel


http://www.jeudepaume.org/

1 place de la Concorde
75008 Paris