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En photo Publié le 15 janvier 2016

Gueule d’Ange – Numéro 40 – Marti

Cent vies en une. Il ne faut pas s’étonner des vies. Certains en ont cent, d’autres peinent à trouver la leur. Une vie majuscule ou mille et une sans importance. Mais avec MARTI, les schémas existentiels volent en éclats.

Vous êtes face à la photographe qui a couvert Burning Man, la grande manifestation new age aux USA, dont les photos ont été montrées dans le monde entier, mais elle vous dira avoir été journaliste politique et avoir publié dans “Le Monde-Guardian Weekly” et également dans “Washington Post Syndicated”, “Science Magazine” et “Times of India”.
Elle vit bien à Paris, du côté de Montmartre, mais finalement n’y réside que quelques mois dans l’année, vivant à Pondicherry, Seattle…, ou Toyko, s’attardant dans les déserts de glace du Groenland. A mi-interview, elle a été enseignante à la Sorbonne et à l’ENA, puis journaliste de guerre au Cambodge, vidéaste engagée dans l’écologie, également artiste présente dans les archives du Louvre.
Et au moment de se séparer, carnet soigneusement rangé dans la poche arrière, espérant trouver un lien cohérent dans toutes ces notes disparates, elle annonce qu’elle est parolière, répertoriée à la SACEM, en jazz… précise-t-elle.

Photographe du burning man

MARTI photographie l’humain, la nature et les fêtes… «J’aime les gens et j’adore les foules. La Kumbh Mela sur les rives du Gange et ses 50 millions de personnes en 2 mois me ravit, le million de motards de Sturgis, pour la plupart d’anciens militaires venus se retrouver et s’amuser, me fascinent aussi».
Elle est une “régulière” au grand rally de motards aux Etats Unis ou il y a par fois plus d’ un million de motards qui viennent dans cette petite ville perdue sur les prairies du Dakota du Sud.
Et quand la fête côtoie le monde de l’art et de la musique, MARTI est aux anges. Voilà 10 ans qu’elle participe à Burning Man, dans le désert du Nevada, le rendez-vous de tous ceux qui ont un jour rêvé de renouer avec l’état primal, de vivre une grande création collective, d’affronter les dangers naturels et de se préoccuper de l’autre. Le rêve surréaliste d’un autre monde, plus fou et universel, d’art, de musique et d’humanité.

«Pendant une semaine, il n’y a en principe ni télé, ni échanges d’argent, ni du commerce. Il y a une liberté quasi-totale à condition de respecter l’espace vital des autres. Mais ce
n’est pas l’hôtel California pour autant.
Vous ne pouvez pas venir les mains vides dans votre vieille Mercedes : vous devrez amener eau, nourriture, masque à gaz, lunettes de haute protection, tente pour conditions extrêmes, etc… Il faut être préparé pour des tempêtes de poussières aveuglantes et parfois des pluies qui vous collent au sol. Burning Man est un veritable exercice de “walk your talk” (fais-le toi-même). Dans la gift economy (économie d’échange), vous devrez apporter des choses à partager, que ce soit des brownies aux amandes pour trois mille personnes, vos poèmes les plus récents, ou les deux. Et ne pas oublier dequitter les lieux avec vos poubelles. C’est une opération leave no trace (ne laisser aucune trace) En plus, il est interdit de verser de l’eau par terre sur la poussière sacrée de la Playa, fond d’un ancien lac qui a séché il y a des millions d’années.»

MARTI fait partie des quelques photographes qui ont le mieux imagé Burning Man, ses photos font référence. Elles ont été exposées et éditées dans de nombreux pays et festivals, de Paris à Katmandou.
Du chaos et de l’extravagance elle a su extraire des moments de grâce où les êtres et les formes s’arrêtent à l’épure, s’équilibrent et deviennent une offrande au regard.

Niels Sidsel