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En photo Publié le 9 juillet 2015

Gueule d’Ange – Numéro 9 – Guillaume Ortega

Guillaume Ortega, Une photographie particulière.
 


Une photographie de fusion, libérée de son cadre et reproduite à l’infini.



Le mot fusion définit bien la sensibilité d’un être fait à la fois de douleur et d’optimisme mais aussi son art qui mêle dans une parfaite unité plusieurs genres : la photographie, la peinture et le collage. Fusion aussi des émotions et des techniques, des formes et des couleurs, fusion des rencontres, fusion du jour et de la nuit dans des lumières, le plus souvent flamboyantes. Comme le Jazz fusion se nourrit librement de toutes les rencontres musicales, les oeuvres de Guillaume Ortega sont une succession de gestes libres qui transgressent les règles de chaque technique.

La photographie est là, présente dans la succession des détails collés sur la toile, finement imbriqués, mais Guillaume Ortega s’ingénie à brouiller les pistes. Les photos sont peintes, l’ensemble est numérisé et retouché, imprimé, repeint, vernis …, comme pour se débarrasser de la réalité première des photographies et livrer, couche après couche, un peu plus de lui-même, montrer les couleurs et les résonances de son âme.

 

Guillaume Ortega se forme à l’école du social 



Guillaume Ortega n’est ni photographe, ni peintre, ni graphiste, même s’il en utilise les techniques. Impossible de le définir autrement qu’en passant par son histoire, ses rencontres, sa sensibilité, et en cela on peut approcher l’art, parler d’artiste. Il suit bien des cours de licence en médiation culturelle à Nîmes, mais son approche des techniques de l’image s’arrête là. Son oeuvre prend source et résonance  ns le mouvement social. Sa vie aussi. 10 ans salarié d’AIDES (association de lutte contre le sida), 4 années d’éducateur auprès d’adolescents.

« J’ai eu une enfance pleine d’amour, mais compliquée par des problèmes existentiels difficiles à surmonter. J’ai été très intériorisé, vivant dans mon monde, alors que je sentais au fond de moi un optimisme et une foi débordante en l’humanité qui ne demandait qu’à s’exprimer, à rencontrer l’autre. C’est, notamment, mon engagement dans le milieu associatif qui a fait exploser le carguant, m’a permis de m’affirmer. »


La rencontre de gens très divers, l’incursion dans un milieu totalement étranger à son origine familiale, un monde où rode en permanence la maladie, mais aussi l’espoir et une formidable foi en la vie, ont transformé Guillaume Ortega en acteur engagé, vivant à 100% chaque moment de vie.

« J’ai pu enfin m’ouvrir aux autres, vivre dans la couleur et l’optimisme. »


Mais 10 ans à AIDES c’est éprouvant. Guillaume Ortega quitte l’association pour un poste d’éducateur auprès de jeunes collégiens dans la région nord de Nîmes. C’est là que ses premières oeuvres ont pris le chemin de ce qu’elles sont aujourd’hui. « J’avais déjà réalisé beaucoup de collages, notamment avec des photos et flyers de soirées, mais l’alliance avec la peinture, le support de la toile, datent de cette collaboration avec les jeunes adolescents.

« La photo les a intéressés d’emblée, elle leur permettait de parler d’eux, de montrer ce qu’ils ne pouvaient pas dire. C’est ça qui m’intéresse dans la photo, son côté immédiat, instinctif, vrai, proche de la vie, j’ai toujours voulu lutter contre le non-dit. »

Le côté ludique du collage et tactile de la peinture ont également participé à la réussite de ce projet auprès des ados.

 

La photographie comme cinéma

 

Et devient artiste



Puis Guillaume Ortega s’est pris au jeu de la création. S’inspirant du travail de l’artiste Loren sur la tauromachie, sans oublier ses artistes référents que sont Pierre et Gilles ou David Lachapelle, puisant dans tous les témoignages de vie et profitant du soutien technique de Négatif+, il se lance dans l’aventure artistique. 4 années plus tard, il a son atelier à Paris, participe aux principaux rendez-vous du marché de l’art et intéresse les collectionneurs. Il vit de sa création. Ses oeuvres sont éditées en cartes postales et affiches, distribuées dans le monde entier par les Éditions Braun, … Et ce n’est qu’un début.

 

Les étapes successives d’une oeuvre combinatoire



C’est le plus souvent une photographie ou un ensemble de photographies qui est au départ de l’oeuvre. Elles peuvent être réalisées par l’auteur ou emblématiques, faisant quasiment partie du domaine public, comme les photos de Marilyn Monroe, étoile tant aimée de son père et clin d’oeil évident à Andy Warhol. La peinture à l’huile épaisse et brillante recouvre ou lie les images entre elles puis l’ensemble est reproduit et retravaillé à l’ordinateur avant de retrouver le support toilé qui pourra être repeint et vernis.

Puis à nouveau numérisé et ainsi de suite sans que l’auteur n’y mette jamais de point final. Chaque toile, surtout en petit format, est à la fois une oeuvre définitive et un module qui évoluera ou deviendra un détail dans une fresque. Certains collectionneurs achètent des petits formats (20 x 20 cm) qu’ils juxtaposent pour créer leur propre fresque.

« J’aime cette idée de mutation à l’infini, de pouvoir retravailler une toile plusieurs années après, de vivre avec des oeuvres qui sont elles-mêmes en mouvement, jamais sacralisées. »


L’Espace Nollet, un lieu de rencontres artistiques entre Batignolles et Montmartre



Guillaume Ortega est représenté par la galerie Nollet gérée par l’artiste peintre et sculpteur Sylviane Pelletier. Il y côtoie, aussi, l’artiste d’origine irakienne, Fenjan, dont l’oeuvre est exposée en permanence à la galerie. D’autres artistes tels que Fabienne Malcorps et le sculpteur Fabien Pujol sont des habitués de ce lieu de rencontres qui fonctionne plus comme un espace de dialogue entre les artistes et leurs arts divers que comme une galerie. Un espace chaleureux qui se veut ouvert à tous dans le respect de chacun, et Guillaume Ortega y a son atelier Négatif Plus partenaire des créateurs « Négatif Plus a joué un rôle important dans mon parcours. Pour mêler comme je le fais sur un support en toile traditionnelle, des techniques aussi diverses que la photographie argentique, du numérique, de la peinture à l’huile, des vernis, tout en garantissant la stabilité et la pérennité des toiles, j’avais besoin d’un soutien technique fort et sûr. Les techniciens de Négatif Plus m’ont aidé à trouver ma technique. Je veux aussi remercier les tireurs pour leur compétence et leur patience. Reproduire fidèlement les couleurs créées sur l’écran ou peintes sur la toile est une gageure qu’ils relèvent à chaque oeuvre. Merci »

Au fil des interventions, le réel s’efface, la photographie perd ses détails, la peinture son épaisseur, au profit de l’oeuvre, de l’expression artistique.

« C’est ça qui m’intéresse dans la photo, son côté immédiat, instinctif, vrai, proche de la vie, j’ai toujours voulu lutter contre le nondit. »


Toujours en prise aux émotions fortes, aux références extrêmes : il avoue ne pas pouvoir assister, encore aujourd’hui, à une corrida sans pleurer, non pas à cause de la mort du taureau, mais sous l’emprise de la densité humaine, la lumière, les couleurs, …,

« parceque cet art qu’est la tauromachie est un combat face à la vie, une force prise dans l’arène face aux réalités du monde. »


Une sensibilité particulière qui est le point d’orgue de sa création.


Niels Sidsel

http://www.ortega.fr/


ESPACE NOLLET 1TER RUE NOLLET 75017 PARIS

ouvert tous les jours en soirée, le samedi de 11 h à 21 h
et sur rendez-vous au 01 42 93 07 81
 
 
Numéro : 09 Spécial Guillaume Ortega
Avril – Mai – Juin 2008


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Gueule d'Ange 08                                                                                     Gueule d'Ange 10