En photo Publié le 6 août 2016
Focus expo : Étretat Paysages, Annick Maroussy
Logée dans le cadre prestigieux de la Chapelle Notre-Dame de la Garde, au sommet des falaises d’Étretat, la nouvelle exposition d’Annick Maroussy est une invitation à l’errance dans le temps de la photographie, son histoire et ses techniques, et dans l’espace de la côte Cauchoise. Un hommage poétique et atemporel à un décor qui a marqué l'histoire de l'art.
Négatif + : Comment est née cette exposition ?
J'aime profondément la photographie. Réalisée, elle doit être montrée, c'est une nécessité pour avancer dans mon travail d'auteure. Le Pays Cauchois est au coeur de mes réalisations photographiques depuis maintenant quelques années. Tout naturellement, au fil du temps, je construis des séries après séries.
La proposition d'exposer mon travail dans la Chapelle Notre-dame-De-La-Garde est venue d'elle-même, en toute simplicité, c'est un partenariat avec le Conservatoire du Littoral et la Mairie d'Étretat dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste.
Négatif + : Vous pratiquez depuis de nombreuses années le sténopé et d'autres techniques anciennes, comment en êtes-vous venue à ces techniques ?
Tout d'abord, par intérêt pour l’histoire de la photographie. Ensuite par passion, je partage mon temps entre Paris où j'enseigne la photographie de reportage et Étretat où j'organise des stages de photographie au sténopé dans mon association Sténop'Amy.
Toute technique est porteuse d'esthétique. j'essaie toujours de choisir la technique de tirage correspondant le mieux à la technique de prise de vue ; j'expérimente et j'adapte !
Négatif + : La sélection d'images que vous proposez dans cette exposition est transversale, incluant aussi des techniques numériques plus contemporaines…
Transversale oui, avec un fil conducteur qui est la surimpression. Qu'elles soient numériques, argentiques ou enregistrées avec une simple boîte à sténopé, mes photographies sont des plaisirs d'images. Souvent servies par une écriture en surimpression directe et sans montage, ces images relèvent du désir, où émotion et ressemblance préexistent d'une photographie à l'autre, d'un procédé de tirage à l'autre.
Négatif + : Comment percevez-vous le statut de la photographie de paysage au sein de la production contemporaine ?
Aujourd'hui, la photographie est multiple, tout est possible, les choix sont parfois difficiles, les tentations technologiques nombreuses! Ne pas se perdre est important, du jetable à la pérennité il faut choisir, savoir ce que l'on aime ou pas. De la simple boîte à sténopé au reflex en passant par la chambre grand format, savoir choisir c'est savoir construire son écriture photographique avec l'outil convenant le mieux à son propos.
Négatif + : Comment définir aujourd'hui une poésie de l'errance ou de la déambulation ?
Je m'inscris dans la contemplation, je suis fascinée par la poésie des paysages de Michael Kenna auquel j'emprunte les longs temps de pose pour mes sténopés 8×10''. J'aime prendre mon temps, me poser et respirer ; c'est pourquoi le travail au sténopé est si présent dans ma production. À l'image du jardinier, j'aime beaucoup aussi cette analogie : il faut du temps devant soi et rester humble devant ses récoltes. Parfois c'est réussi, parfois non, alors on recommence, on erre, on déambule, on parcourt chemins et valleuses où Vent, Mer et Terre s'unissent. J'essaie de retranscrire une émotion, une vision où les repères sont bouleversés, une certaine beauté naturelle où le proche et le lointain s'assemblent en espérant atteindre une « impression face au réel » si chère aux impressionnistes et notamment à Claude Monet.
Négatif + : Vous avez fait des tirages sur bâche, ce qui est inhabituel pour des sténopés, comment vous est venue cette idée ?
J'avais l'idée des bâches depuis un long moment. Avec Virginie Pineau et le laboratoire Négatif Plus, qui est aussi partenaire de l'exposition, tout s'est formidablement concrétisé : pour les plus grandes 2,50 m de sténopé(s) dans la longueur, je voulais le film dans son entier, de la vue 1 à la vue 12, le tout dans la continuité de l'errance décrite plus haut. Errer pour mieux se retrouver face au paysage ! Il fallait de l'espace, la Chapelle s'y prêtait bien.
L'exposition se termine, le prolongement de ma présentation amovible peut se faire extérieur sans souci, choix qui n'était pas déterminant au départ !
annickmaroussy.com
stenopamy.com
Étretat Paysages
Du 14 juillet au 12 août
Chapelle Notre-Dame de la Garde, Étretat, Falaise d'Amont
Tous les jours de 15 à 18 h
Photographies © Annick Maroussy Amy