Actualité Publié le 13 septembre 2017
Focus expo : Les Tribus du Nilgiri, Olivier Benier
Photographe et voyageur au long cours, Olivier Benier présente, durant tout le mois de septembre, une série de portraits au fameux café de La Belle Hortense, en plein coeur du Marais. L'occasion d'en apprendre plus sur la genèse de ces images, sur les tribus de l'Inde et, tout simplement, sur la fascination du voyage…
Les Tribus du Nilgiri, Olivier Benier
Du 1er au 30 Septembre, vernissage le Jeudi 14 Septembre
La Belle Hortense, 31 rue vieille du Temple, 75004 Paris
Pouvez-vous nous présenter les portraits que vous exposez ?
Je me suis rendu dans la région du Nilgiri, dans l'état du Tamil Nadu, au sud de l'Inde. Je voulais réaliser là-bas un reportage sur le peuple Todas. J’ai bien trouvé cinq villages où ils vivaient, et j’ai découvert non pas une, mais sept tribus – d’ailleurs, ce sont essentiellement des portraits de la tribu des Kotas que j'expose. J’avais vu des choses sur ces populations qui vivent ‘en marge’, cela m’avait intrigué. Même si l’accès à leur village est difficile, leur existence ressemble finalement un peu à celle de tout le monde aujourd’hui. Ils ont des téléphones portables, ils sont véhiculés, certains travaillent dans des banques ou comme gardes forestiers. Ils ne sont pas du soir au matin en tenue traditionnelle, ils ne la portent que pour des évènements particuliers comme des mariages, des fêtes – bien qu’un jour j’ai vu un homme en tenue se fabriquer une lance à l’ancienne…
Le but de ce voyage était de trouver des sujets de reportages pour les présenter à Perpignan. Je n’en ai pas encore tiré un sujet complet, c’est encore du ‘work in progress’. Mais comme j'avais cette petite expo prévue à La Belle Hortense dès avant mon départ, j'ai décidé de présenter cette série de portraits.
L’Inde est un pays que vous connaissez bien…
J’y ai fait deux longs séjours. Le premier, en 2011, a duré neuf mois. Le second, celui dont je reviens, n’a fait que 3 mois et demi, ce qui est déjà pas mal. Je me suis même demandé comment j’avais tenu neuf mois ! Mais j’aime bien voyager longtemps, surtout dans ce genre de pays, qui nécessitent un temps d’imprégnation… il y a réellement un énorme travail de reportage à y faire.
Lors de mon premier voyage, mon objectif était de rallier l’Inde depuis Paris par la route. J'ai traversé l'Europe, la Turquie, l'Iran, le Pakistan. Ce fut fatigant, stressant, mais au final pas si compliqué. J'ai acheté une moto sur place, et fais 17000 km. Lors de mon dernier séjour, j'en ai racheté une et ai fait 11000 km. Pour la photo, c’est le moyen de locomotion idéal, en ville comme dans les campagnes. Mais c’est très stressant – la pollution, le bruit, la tension permanente, la circulation qui est plus aléatoire, là-bas…
Quelle a été la nature de vos échanges avec vos modèles ?
Ce sont des rencontres malheureusement assez furtives. Beaucoup m’ont proposé de boire le thé après la prise de vue, mais souvent ils ne parlaient pas anglais. J’ai passé un instant trop bref avec eux, c’est très frustrant. Ils n’ont même pas vu les clichés : mon écran de contrôle avait cassé avec la chaleur, et ceux qui m’ont demandé de leur envoyer des photos n’avaient pas d’adresse web, ni d’adresse postale fiable. A mon grand regret, ils ne savent pas que ces images existent. Deux ans après mon premier voyage en Inde, en 2013, j'ai commencé à vendre mes photos dans la rue. Et le jour où j’ai mis le premier billet dans ma poche, cela m’a fait bizarre : cette image, ce portrait que j’avais fait, c’est celui d’une personne que j’ai croisée et qui ne sait pas que je vends sa photo. Je prends de l’argent sans rien lui donner en retour. Si elle me voyait faire, que dirait-elle ? Elle serait probablement mécontente, et ce serait normal. L’idée m’est donc venue de reverser une partie de mes ventes à une association, pour remercier indirectement mes modèles. Je donne 10 % de mes gains à « Aide et Action », qui intervient pour l'aide à l'éducation dans de nombreux pays défavorisés. Si je photographie une mamie, elle a surement une petite-fille qui est en âge d’aller à l’école, d’avoir un cahier et une chaise.
C’est un sujet qui vous touche particulièrement ?
‘L’éducation change le monde’, c'est leur slogan, et je pense que c’est assez vrai. Beaucoup me disent que ce n’est qu’une goutte d’eau – oui, certes, mais si demain je vends une photo qui permet d’acheter la moitié d’une chaise, c’est bien ; la photo d’après ce sera l’autre moitié de la chaise, et finalement un élève pourra s’assoir. Ce n’est pas rien.
J'étais déjà sensible à ce sujet : j’ai fait un reportage au Népal, sur la reconstruction du village qui fut l’épicentre du séisme il y a deux ans. J’y ai rencontré un couple de français qui était là pour aider à la reconstruction des écoles, ils parrainaient trois enfants. Les gamins n'attendaient que la réouverture des classes, et leurs parents étaient en larmes, tellement il est important pour eux que leurs enfants aient accès à l’éducation, échappent au travail…
Comment en êtes-vous venu à exposer à la Belle Hortense ?
J’ai découvert ce lieu lorsque j'ai créé mon site, OBGallery.com. La traductrice qui travaillait pour moi m’a dit : « il faut absolument que tu ailles voir Brigitte à la Belle Hortense, je la connais bien, ils organisent souvent des expos, il y a plein de monde, vas-y. » Donc, j'ai écouté son conseil. J’ai présenté quelques photos à Brigitte, avant mon départ, et elle m'a dit ok. Ces portraits sont donc accrochés pendant un mois.
Comment fonctionne votre site web, OBGallery ?
Pour l’instant c’est une simple plateforme de vente en ligne de mes images. Mais l’idée serait de proposer le travail d’autres photographes, toujours autour du voyage et du reportage. Et toujours en reversant 10 % des gains à des causes humanitaires.