En photo Publié le 9 octobre 2015
Gueule d’Ange – Numéro 39 – Jean-Patrick Capdevielle
Jean-Patrick Capdevielle, après sept ans d'absence de la vie médiatique, sort un nouvel album en octobre.
Il s'intitule « très provisoirement, sans doute… » dit-il en riant « Rendez-vous » et a été produit grâce à la rencontre du chanteur avec ses fans via le site de crowdfunding "KissKissBankBank". Gueule d'ange, qui tient son nom d'un de ses titres de chansons, fait partie par l'intermédiaire de Philippe Lopez, fondateur de Négatif Plus, des plus fidèles amis et ne pouvait manquer le "rendez-vous". Après Nicolas Dominik en juillet dernier, ce sera donc notre deuxième incursion dans le monde musical, et une grande fierté de participer à la sortie de cet album épique, à la mesure de celui qui côtoya les grands du rock anglais des années 60 et ami d'Eric Clapton. D'autant plus fiers qu'il a initié à l’occasion de la création de cet album plusieurs beaux projets photographiques, avec Scarlet Page, fille du guitariste Jimmy Page, et deux jeunes photographes, Catherine Beudaert et Lo Bricart, qui ont suivi Jean-Patrick Capdevielle en studio, au fil des enregistrements et dont le travail illustrera l’album et sera exposé à la galerie Négatif Plus en novembre.
RENDEZ-VOUS
L'album des fans de Jean-Patrick Capdevielle
Capdevielle : l'album 2015/2016
On s'est rencontrés à l'hôtel "Amour". "C'est un peu branchouille, mais c'est à côté du bureau de mon agent avec qui j'ai rendez-vous juste après…" avait-il précisé. Je ne connaissais pas l'endroit et cela me paraissait un peu "trop", surtout quand j'ai vu que c'était à Pigalle, entre sex-shops et magasins de musique en tous genres. Branchouille, certes, mais l'endroit est délicieux, étonnant de quiétude, tables dressées dans un petit jardin de type provençal, avec rocailles, fontaines et bassins, style "Poisson Banane", ce restaurant bien connu des habitués des rencontres de la photographie en Arles. Déjà installé, je l'ai vu arriver et tout de suite reconnu ; la dégaine entre nonchalance et vivacité est immédiatement identifiable. Mais, dès les premiers échanges, ont sait que l'homme a des convictions et ne les dissimule pas . Quand je lui dit que son dernier album, tout en restant résolument rock fait preuve d'une plus grande « variété de styles », avec des chansons plus intimistes, d'autres plus magistrales et orchestrées, il réagit vite : "J'ai horreur du mot variété ! quelque soit son contexte. La variété c'est souvent une excuse à la banalité" Il est vrai que dans ce dernier opus rien n'est banal. Les textes sont ciselés, la musique, en changement de rythmes incessants, en va et vient épiques, de la langueur à la frénésie, de l'intime au technicolor, nous transporte, nous atteint au plus profond des émotions. "Mais je ne suis pas dans l'excès de principes et de perfection, précise-t-il, je suis exigeant, c'est tout. Je veux pouvoir dormir tranquille." En questionnant certains musiciens qui ont travaillé sur ses albums on sera rassurés : il n'aime pas l'approximation, mais une fois qu'il a défini le cadre, il laisse une grande liberté à ceux qui l'entourent et qu'il a choisis. Il aime être surpris et reste ouvert aux propositions, allant jusqu'à modifier un texte ou carrément changer le registre musical d'un titre « … si ce qui est entrain de naître le demande ».
Une aventure artistique
Jean-Patrick Capdevielle est un artiste. Photographe, vidéaste, musicien, peintre, …, il vit dans l'urgence de la création. Depuis les années 60, en tant que photographe et chroniqueur à Salut les copains, depuis ce premier album en 1970 qui révolutionna la chanson française, il ne cesse de créer. Adulé ou oublié de tous, il n'arrête pas, c'est un besoin, une addiction. Tout ce qu'il vit devient objet de création. Amours et paternité, amitiés et mondanités, voyages et expériences hippies, engagement et combats politiques, …, deviennent des chansons, des airs d'opéras, des clips étranges et épiques, des images, des univers, qui ne ressemblent à aucun autre. Tous les supports et techniques sont à sa portée (quand on voit les clips vidéo qu'il a réalisé sur les chansons de son dernier album, à partir d'images collectées sur internet, on est à la fois happés par l'étrangeté de l'univers et stupéfait par la maîtrise technique). Mais pour la majorité d'entre nous, Jean Patrick Capdevielle est d'abord un poète, des mots qui chantent, et une voix, sombre et rocailleuse. Un homme libre, un anar au grand cœur, qu'on aimerait entendre plus souvent.
"Je n'arrête pas d'écrire. Pour cet album j'avais le choix entre au moins 60 chansons composées depuis mon dernier album, paru il y a 7 ans, soit 5 ou 6 albums potentiels. Mais je ne recherche pas la notoriété, je n'ai pas vraiment besoin de la concrétisation de l'édition ou de la scène, la création me suffit. J'ai fait 14 albums, la musique de deux opéras, composé ou écrit pour de nombreux artistes, deux de mes albums sont toujours classés parmi les 100 disques essentiels du rock français. Pourtant le grand public semble ne se souvenir que d’une chanson : "Quand t'es dans le désert"… Mais cela ne me dérange plus : je l'ai d'ailleurs chantée avec plaisir aux dernières Francofolies de Spa avec mes amis du groupe MontparnassE. Ce qui me gênerait ce serait de ne plus pouvoir créer."
Une aventure humaine
"C'est pour mon plus jeune fils, âgé de 10 ans, que j'ai voulu faire cet album ; il le réclamait ! Les chansons étaient prêtes, voix et parties d’instruments virtuels composées et enregistrées sur mon ordinateur. Mais comment savoir si cet album était attendu, si j'avais encore des fans qui auraient aimé entendre ces chansons !? Alors j'ai décidé d’avoir recours au site très sollicité de crowdfunding : Kisskissbankbank et d'ouvrir un compte facebook. En moins de 12h, 70% du budget, fixé à 30 000 €, étaient atteints et la totalité en quatre jours ! Nous avons fini par atteindre 45 000 €, ce qui nous a permis d'enregistrer les rythmiques dans un des studios mythiques de Londres « Britannia Row » fondé par Pink Floyd et possédant une des plus belles collection de micros vintage de ce côté de l’atlantique ». Les guitares et les claviers de l'album étant confiés à Benjamin Raffaelli et Sébastien Cortella, amis musiciens et arrangeurs de grand talent, qui partagent ses goûts musicaux (Foo Fighters ; Queens of the Stone Age ; Imagine Dragons)et ont signé de belles réalisations notamment avec Jacques Higelin.
Les fans étaient donc au rendez-vous, d'où le titre « très provisoire », précise-t-il, de l'album . Et Jean-Patrick ex hippie, pur et dur, ayant vécu deux ans en Californie dans un combi VW avec femmes, enfants et chiens ; puis à Ibiza, dans une maison au sol en terre battue « bien avant la naissance de David Guetta » comme il aime le préciser regrettant toujours que le culte de la croissance ait balayé les belles idées, aime la participation. Ses fans, en fonction de leur degré d’implication, ont été invités à participer à l'album, certains pour les chœurs d'un titre enregistré en studio mi-septembre, d'autres figurant sur les clips et le film du making off.
Rendez-vous avec une voix
Au moment de notre rencontre, en juillet, Jean Patrick était à la fois rassuré sur l'avancement de l'album parce que la plupart des instruments étaient enregistrés et en pleine effervescence car il fallait choisir entre les pistes : les multiples enregistrées en studio et celles aussi créées sur l'ordinateur, à l'origine.
Parfois jusqu'à 70 pistes par chanson ! Sans compter les pistes supplémentaires consacrées aux cordes que son fils Jonathan allait composer en août. Mais il était confiant. Et il restait aussi a enregistrer la voix. Cette fameuse voix, immédiatement identifiable, à faire craquer midinettes et belles oiseuses d'une seule portée. "Je ne suis pas très fort en technique, d'ailleurs je ne jouerai aucun instrument sur cet album, ni en studio, ni sur scène, mais ma voix, je commence parfois à la supporter…"
A l’heure ou nous publions, l’album est pratiquement terminé, il aura très bientôt rendez-vous avec son public, quelque soit son titre…
Niels Sidsel
Prochainement annoncée, l'exposition réunissant les 3 photographes ayant participé, se tiendra à la Galerie Négatif+
Galerie Négatif+
104 rue Lafayette Paris 10
06 32 73 18 34