Tirage photo Publié le 23 septembre 2022
Impression Jet d’Encre : toutes les étapes de la fabrication
Apparue dans les années 60 puis longuement perfectionnée, l’impression jet d’encre s’est progressivement imposée comme l’un des standards du tirage photographique, tant pour la qualité de ses rendus que pour la tenue dans le temps des impressions. Encres pigmentaires, profils colorimétriques précis, papiers Fine Art, de nombreuses innovations techniques ont contribué au succès incontestable de ce procédé. A l’occasion de l’exposition des images de Bastien Bonnarme dans les locaux de notre service graphique, nous allons suivre pas à pas ses fichiers dans l’atelier des traceurs…
La Prise en Charge du Fichier : le RIP
Dans un premier temps, les fichiers destinés à être imprimés sur un même papier sont collectés et transférés vers un logiciel de ‘pilotage’, le RIP (Raster Image Processor). Ce programme va, d’une part, s’assurer de la bonne gestion des couleurs et, d’autre part, optimiser l’organisation des différents formats de tirages sur la largeur totale de la laize. Le papier est en effet conditionné en rouleau, avec une largeur variant entre 60, 110 ou, pour les plus grands formats, 150 cm : cela permet de grands tirages mais exige, pour les tailles plus modestes, un minimum d’organisation pour éviter une gâche inutile !
Pour ce qui est des couleurs, tous les fichiers sont envoyés au RIP avec le profil Adobe RGB 98 : le gamut de ce dernier permet en effet de couvrir les palettes que peuvent restituer les traceurs. C’est ensuite le RIP lui-même qui applique au fichier le profil du papier choisi.
Ces profils particuliers se basent sur les données du constructeur, mais ils sont affinés en atelier grâce à une série de tests effectués directement sur le matériel employé.
L’Impression sur Traceur
L’impression proprement dite peut alors être lancée : on charge le papier choisi sur l’un des traceurs du parc.
Pour les papiers mats (Rag, Rag white ou Rag William Turner de Hahnemühle, par exemple), on choisira un poste équipé d’une encre noire dite MK, pour Matte Black. Pour les papiers satinés ou brillants (Photo Papers Pearl ou Glossy, FIne Art Pearl et Baryta, etc.), on optera pour un poste chargé avec de l’encre noire PK, pour Photo Black.
Une mire est imprimée à chaque changement de rouleau, afin de s’assurer que les buses ne sont pas bouchées.
Le temps d’impression est très variable : il dépend du support (les plus rapides étant la toile et le Matte Paper) et du choix de qualité d’impression. Ce dernier est invariable dans nos ateliers, et toujours au maximum.
Le Conditionnement
La laize est coupée puis les tirages sont massicotés à l’unité sur une table de découpe. On les conditionne ensuite, roulés (mis en tube pour les formats supérieurs à 40 x 60 cm ou pour les tirages destinés à l’atelier de contre-collage) ou mis en enveloppes rigides (pour les petits formats). Une feuille de protection est toujours apposée sur le côté imprimé.
Quelques précisions techniques
Les traceurs Epson
Le parc de notre atelier est composé de traceurs Epson SureColor P9000 (largeur max. de 110 cm) et Epson Stylus Pro 11880 (largeur max. de 160 cm).
Les têtes d’impression sont équipées de buses piézoélectriques, une technologie qui permet un contrôle très fin de la taille des gouttes : l’encre est ‘poussée’ par un matériaux cristallin qui a la particularité de changer de forme lorsqu’il est traversé par un courant électrique (la fameuse caractéristique ‘piézoélectrique’). L’intensité du courant envoyé et la fréquence des impulsions jouent donc directement sur la quantité d’encre expulsée, avec une précision de l’ordre du picolitre !
Les encres pigmentaires
Les encres utilisées sur les traceurs sont dites pigmentaires et, plus particulièrement, sur les traceurs Epson qui nous intéressent ici, Ultrachrome HDR (pour High Dynamic Range). A quoi tout cela correspond-il ?
On les dit Pigmentaires pour les différencier des encres ‘courantes’. Ces dernières sont des solutions aqueuses de colorants : leur opacité est moindre, et leurs couleurs constituées de molécules en solution. Les encres pigmentaires, elles, appartiennent à une autre catégorie : bien que leur base soit aussi aqueuse (sans solvant, la stabilité dans le temps est mieux garantie), leurs pigments sont des particules solides encapsulées dans des bulles microscopiques de résine. La taille de ces particules, bien supérieure à celle des encres à colorants, combinée à la protection apportée par la résine, expliquent à la fois la résistance de ces impressions aux altérations et l’intensité des couleurs obtenues…
D’autre part, ces encres permettent, grâce à leur saturation et la combinaison d’une palette de dix tons, d’obtenir sur le papier une vaste page de couleurs – le fameux High Dynamic Range. Ce large gamut dépasse, surtout dans les verts et les rouges, ce que l’on peut obtenir, par exemple, en quadrichromie…
Pour la petite histoire, de nombreux autres ingrédients entrent dans la délicate recette des encres : des tensio-actifs qui évitent la précipitation des pigments et des résines, des humectants pour prévenir le séchage dans les buses, des mordants pour la fixation des pigments dans le papier, des corps qui transforment la lumière en chaleur pour éviter les dégâts des UVs sur le tirage, des correcteurs de pH, etc. etc. La liste est longue !
Les tons des encres sont les suivants : gris et gris clair, cyan et cyan clair, jaune, magenta vif et magenta vif clair, orange et vert. Il faut y rajouter deux tons de noir que nous avons déjà vus : le MK, pour Matte Black, et le PK, pour Photo Black.