Retouche photo Publié le 26 juillet 2022
Rendu des couleurs : comment éviter les mauvaises surprises…
Vous venez de recevoir vos tirages photo et, malheureusement, vous avez l’impression que les tons sont fades, trop foncés ou palots, que certaines couleurs ont disparu – bref, cela ne ressemble pas à ce que vous voyiez sur votre écran… Comment éviter ce genre de surprise désagréable ? Un petit point technique.
La sonde I1 Pro de X-Rite
De la prise de vue à l’impression, il y a toujours trois temps : l’acquisition (avec un boitier numérique ou un scan), le traitement (fait sur un écran) et l’impression (sur de nombreux supports). Or, à chacun de ces paliers, on utilise des appareils distincts qui ont chacun un traitement des couleurs particulier, intimement lié à leurs capacités techniques. Alors comment faire en sorte pour que tout cela marche bien ensemble et que, lorsque vous ouvrez l’enveloppe de vos tirages, vous retrouviez bien les couleurs que vous avez vues sur votre écran ?
C’est quoi un profil ICC ?
En premier lieu, il faut se rappeler que la couleur de chaque pixel de votre image est définie par une valeur bien précise, généralement définie par trois chiffres (du moins pour ce qui nous intéresse en photographie) : un pour le rouge, un pour le vert et un pour le bleu. Par exemple, pour un beau vert Pomme Granny Smith, cette couleur sera notée R80/V230/B100. Or, si votre écran tend vers le bleu, ces mêmes valeurs de 80/230/100 s’afficheront sous la forme d’un turquoise plus ou moins franc : il faudra donc calibrer votre écran pour retrouver une teinte juste.
Entendons-nous bien : calibrer, cela veut dire rapprocher les valeurs affichées par votre écran (ou imprimées par votre imprimante) des valeurs absolues contenues dans le fichier (les 80/230/100). Dans un monde parfait, il serait possible de les obtenir tout le temps ; dans la pratique, cela arrive souvent, mais pas toujours : certains appareils n’ont pas forcément les palettes requises !
Ainsi le terme dédié pour exprimer la plage de couleurs (l’espace colorimétrique) qu’un outil est capable de gérer est le gamut. Vous l’entendrez souvent évoqué : plus il est large, plus votre écran, votre imprimante ou votre appareil photo sont performants et proposent un nombre de couleurs important.
Il est à noter aussi que certains périphériques ont des rendus plus étendus dans certains tons que dans d’autres – par exemple un écran proposera souvent plus de variations de bleus et de violets qu’une imprimante, alors que cette dernière sera peut-être capable d’imprimer des subtilités de vert invisibles à l’écran…
C’est précisément pour ces raisons qu’ont été créés les Profils ICC (International Color Consortium). Que se cache-t-il donc sous cette appellation ? Tout simplement un petit fichier qui décrit et anticipe le comportement chromatique d’un appareil : il en connait les limitations et les défauts et permet de les corriger. Revenons par exemple à notre écran de tout à l’heure et son penchant pour le bleu : un bon profil vous permettra de prévoir ce travers et de le compenser… Les données de votre fichier ne seront pas modifiées, mais celles envoyées à l’écran passeront dans une petite moulinette ‘ICC’ où le profil ôtera la pointe de bleu de trop.
D’autre part vous pouvez aussi associer un profil ICC à votre image : cela vous permettra d’anticiper les déformations chromatiques qui seront appliquées à cette dernière lorsqu’elle sera traitée par un appareil particulier. Vous voulez imprimer, par exemple, un simple carré Granny Smith, mais vous n’avez sous la main qu’une imprimante limitée dont le gamut n’inclut pas la couleur 80/230/100 ; vous appliquez alors sous photoshop le profil ICC de cette imprimante à votre image : tout d’un coup, vous découvrez sur votre écran un vert beaucoup moins vif que celui prévu… le logiciel a en effet calculé la valeur la plus proche qui pouvait être imprimée sur ce matériel (par exemple 90/220/110). Vous voici prévenus ! Les profils ICC vous permettent ainsi, à l’écran, de prévisualiser les modifications que telle ou telle impression infligera à votre image.
Mais alors comment créer le profil de votre propre écran et avoir sur ce dernier un affichage des couleurs le plus juste possible ?
Calibrer son écran
Nous voici arrivés à ce fameux calibrage. Il s’effectue avec un outil de mesure capable de mesurer les valeurs absolues d’une teinte, une sonde, et se déroule en deux temps :
– la caractérisation : à partir de ces données, un logiciel va éditer un profil ICC correspondant aux défauts constatés lors de l’étalonnage et les compensant.
Bref, le calibrage est une étape incontournable pour éviter d’avoir de mauvaises surprises lorsque vous passez de votre écran aux machines de votre labo ! Si l’achat d’une sonde vous paraît excessif pour l’utilisation que vous en aurez (notez cependant qu’il faut régulièrement corriger votre profil, chaque appareil se comportant différemment en vieillissant), sachez qu’il est toujours possible d’en louer.
Mais attention : tous les écrans, même étalonnés, ne peuvent donner de bons rendus ! Sans un bon moniteur, quoique vous fassiez, vous aurez toujours des surprises…