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Actualité Publié le 2 octobre 2021

FOCUS EXPO : NET PLUS ULTRA, une archéologie de l’art connecté


Une application qui révèle des oeuvres cachées, un espace virtuel et buccolique où l’on peut déambuler pour découvrir (et acheter) des travaux d’artistes : voici quelques exemples des propositions que cette exposition NET PLUS ULTRA présente aujourd’hui à la galerie Mannerheim. Ludique, intelligente et collective, c’est une archéologie bien vivante qui nous est révélée là, dans cette exposition à découvrir absolument.
Géraldine Postel, l’une des deux curateurs, nous en a dévoilé un peu plus sur les origines et les objectifs de cette initiative…
Robe AR de Nao Okawa et oeuvre URL de Rafael Rozendaal


Pouvez-vous nous dire comment cette exposition est née, et quels sont vos parcours ?

Géraldine Postel : Cette exposition est née d’un besoin de faire découvrir plus en profondeur quels sont les futurs de l’art liés aux nouvelles technologies, et comment ces dernières peuvent en être l’essence, nourrir ou servir son propos. Pour David Magnin et moi-même, tous deux curateurs, il était important de commencer par quelque chose de vivant, d’organique, il fallait d’abord le relier à une petite archéologie de l’art connecté, ce que nous présentons aujourd’hui à la Galerie Mannerheim. Cette exposition inclue des artistes que nous connaissons depuis les années 90. Je suis parisienne de naissance mais j’ai vécu 9 ans aux Etats Unis, où j’ai eu la chance d’être immédiatement en connexion avec les artistes New Yorkais ; c’était en 88/89. J’ai ensuite organisé de nombreuses expo à San Francisco, Paris et L.A. David, de son côté, a évolué comme artiste puis curateur et collectionneur dans les Alpes et dans le sud la France, et c’est sur ces chemins que nous avons rencontré ces artistes. Nous avons tous évolué ensemble et séparément, et cette exposition était l’occasion de rassembler ce groupe d’individus et d’amis avec qui nous avons tissé des liens au fil de toutes ces années, avec qui nous  sommes restés en connexion.

 

Il est aujourd’hui difficile de penser la ‘création numérique’ sans y projeter une dimension sociétale et critique… qu’en est-il des oeuvres que vous proposez ? Est-ce un fil rouge dans votre exposition ?

Géraldine Postel : Oui, certaines œuvres sont plus politiquement engagées que d’autres, mais elles le sont toutes à leur manière. D’ailleurs c’est ce qui nous motive et nous fait apprécier le travail de ces artistes : ils ne font pas que proposer un travail décoratif. Ces œuvres racontent une histoire, notre histoire. Tout est lié, il y a une cause et un effet, et la grandeur de l’effet est en raison de la grandeur de la cause – celle du travail des artistes, leurs réflexions. Pour nous, poursuivre une réflexion sur le système, sur le monde, en évolution ou dégradation, est primordial. Nous sommes tous des artistes engagés d’une manière ou d’une autre. En ce qui nous concerne, nous avons fait un travail d’humbles curateurs dans une petite galerie parisienne, un travail qui donne un sens narratif et relie ces œuvres qui touchent à un domaine encore méconnu, même s’il n’est pas complètement nouveau – l’histoire nous le montre ici. Ce domaine d’expression n’est pas toujours perçu comme œuvre car il se présente de manière différente mais c’est aussi une nouvelle façon d’exister avec le temps. NET PLUS ULTRA est une exposition de groupe, de plasticiens, designers, théoriciens et apprentis sorciers d’une nouvelle ère. C’est aussi le portrait d’un groupe de grands turbulents.

 

Les travaux présentés se basent essentiellement sur les images, ou la révélation, toujours en images, d’espace virtuels invisibles : peut-on parler d’oeuvres dématérialisées quand elles se fondent presque toujours sur un support iconographique ?

Géraldine Postel : Pour reprendre une notion kantienne basique, je ne considère pas que l’œuvre est dématérialisée tant qu’on peut la voir, tant qu’on la vit, tant qu’elle nous émeut d’une façon ou d’une autre. Je ne crois pas non plus à un idéal dans l’art, pas dans sa représentation en tous cas, car mes intérêts, tout comme ceux de mon collaborateur, vont au delà d’un idéal esthétique spécialiste. Nous travaillons sur des projets pluridisciplinaires. Nous nous nourrissons au quotidien du talent, de l’ingéniosité, de l’humour et du savoir-faire et ce, dans tous les domaines de la création comme ceux de la science.

Nous vivons dans un monde où nous ne pouvons plus échapper aux nouvelles technologies, alors pourquoi ne pas les embrasser et voir où cela va nous mener ? Et, si tant est que cela soit possible, s’ouvrir à un monde meilleur, comme par exemple avec notre projet DMGPobservatory ? 

 

Laurent Saksik – Oeuvre processuelle et collaborative réalisée avec l’algorithme Rrose, de sa propre conception,
réalisée d’après un dessin de Leonard de Vinci. Oeuvre sur commande et interactive.

 

Pouvez-vous justement nous présenter ce projet ?

Géraldine Postel : On peut découvrir le DMGP observatory (Acronyme David Magnin Geraldine Postel Observatory) sur internet, en regardant une vidéo de visite, en téléchargeant l’application pour y voyager en temps virtuel ou encore avec un casque 3D. C’est un espace virtuel, qui introduit la gamification dans le métier de présenter l’art contemporain. On joue à travailler, on explore un nouveau territoire que nous avons imaginé comme une galerie idéale sous un ciel idéal. C’est une galerie sans murs, immergée dans la nature, au bord d’un lac et entouré de montagnes. C’est un projet jungien, qui relie le cognitif et le comportemental : d’abord pour échapper à la contrainte de rester là, figé dans sa petite galerie à attendre que le collectionneur ou que le journaliste vienne voir ce qu’il s’y propose. Plus d’excuse de ne pas venir au vernissage, de ne pas être dans la région le temps de l’expo, tout est dans le cyberspace. Si on est curieux, on peut s’y connecter à tout moment… Tout cela est développé sur commande par Arnaud Pepin-Donat. Cet espace est aussi un objet communicant car il donne les prémices d’un espace de résidence qu’on voudrait construire en montagne dans un paysage similaire, pour y inviter des artistes et artisans à y travailler, s’inspirer et se reposer ensemble.
Ce projet d’espace de création et réflexion utopique est pour la deuxième moitié de notre vie ! Nous vendons des œuvres à partir de cet Observatoire, les artistes y sont exposés et continuent en parallèle de produire et de présenter leur travail avec leurs propres moyens et réseaux, qu’ils soient privés ou publics. Nous, on a déjà fait notre partie du boulot, ici il n’est pas question d’avoir une écurie d’artistes et de faire des contrats exclusifs de représentation. Tout le monde est libre d’aller et venir comme il le souhaite : il n’y a pas de subordination ni de contrainte, on travaille sur l’échange et sur l’avenir.

 

David Magnin Géraldine Postel Observatory développé par Arnaud Pepin-Donat

 

Pour découvrir l’ensemble des artistes présentés, vous pouvez télécharger le dossier de presse de l’exposition.

 

NET PLUS ULTRA

Galerie Mannerheim
11 rue Sainte Anastase
75003 Paris

Jusqu’au 12 mai 2019,
de 11 h 30 à 19 h.