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En photo Publié le 25 juillet 2015

Gueule d’Ange – Numéro 25 – Catherine Beudaert

Catherine Beudaert. D’un simple regard


Dans une période de déferlement d’images, mêlant trop souvent à la profusion, le désordre des excès, Catherine Beudaert écrit sa ligne photographique d’un simple regard. Les sujets, choisis au gré des rencontres et des envies, y prennent toute leur teneur. Le style de Catherine Beudaert n’est pas immédiatement identifiable, couleur ou noir et blanc, douceur ou contraste, courte ou longue focale, le phrasé pictural est entièrement au service du sujet et de la lumière. Mais à parcourir ses images, comme vous pouvez le faire dans ces pages du 25ème numéro de Gueule d’Ange, le style devient évident, il teint dans la simplicité du regard : le cadre est fragile et laisse à voir bien au-delà de ses limites, les teintes sont bienveillantes,  les instants captés ne semblent pas définitifs, ils nous aident à mieux voir, à voir différemment.

"Je me suis mariée à 18 ans. Il m'a paru alors normal consacrer la plupart de mon énergie au bien-être de la famille que j'ai créé. Quand chacun est parti de son côté, mes propres aspirations sont remontées violemment."



L’appel de la photographie



La quarantaine et une vie déjà bien remplie, aux multiples expériences, Catherine Beudaert n’en est pas moins une jeune photographe. Son premier reportage date de 2009 et son premier appareil reflex, un Nikon D90, a été acheté pour l’occasion. 

« Je me suis mariée à 18 ans. Il m'a paru alors normal consacrer la plupart de mon énergie au bien-être de la famille que j'ai créé. Quand chacun est parti de son côté, mes propres aspirations sont remontées violemment. »

La photo, présente en filigranes depuis l’adolescence, avec des réminiscences de tirage argentique noir et blanc, prend d’un coup toute la place, comme si, retenu depuis tant d’années, ce désir de photographier ne pouvait que finir par s’imposer.


 

L’exploration urbaine



"J’habite en Picardie et mon premier reportage a été sur Paris, la ville et ses turbulences, si éloignée de mon quotidien. J’ai photographié les espaces, la pierre, les ciels, mais ce sont surtout les gens qui m’ont intéressée, les gens dans leur solitude. "

On y rencontre les peintres des quais se Seine, les tagueurs de Belleville et les gens des beaux quartiers, mais ce sont surtout les marginaux qui l’ont intéressée, elle les photographie avec tendresse sans  jamais verser dans le misérabilisme. 

" J’ai réalisé ce premier reportage avec avidité et gourmandise. Tout ce qui m’entourait était un appel à photographier. J’ai su à ce moment que ma nouvelle vie passerait par la photographie. "  


Plusieurs projets s’enchaînent : « Exploration urbaine », « Entre ciel et pierres », les graffitis du XVIème siècle au manoir du Catel, …, et un travail sur les graffeurs qui trouve son apogée avec la rencontre de Eyone qu’elle suit dans son périple, de tag des cheminées et façades, sur les toits de Montreuil. 

Elle montre ses photos autour d’elle, à l’artiste Yves Bady, rencontré grâce à des amis communs, à Jean-Patrick Capdevielle, qu’elle assiste dans l’animation de son site web,  et ils aiment…   Ils l’encouragent à continuer. C’est parti.

"Je découvre tes atmosphères crépusculaires, tes fontaines fantômatiques et tes lions interrogés ; je trouve mon compte dans la désolation de tes friches industrielles; dans ton enfant de Matisse aux oiseaux; dans tes temples verre et acier aux temps modernes divinisés.Ce que nous voyons du coin de l'oeil, toi, tu le regardes et tu nous donnes la chance et le temps de le lire. Merci de ce cadeau." Jean-Patrick Capdevielle, artiste.

"Catherine possède un "oeil" différent de la plupart des autres photographes. Elle a cette faculté rare de saisir au vol des instants aussi vifs qu'inattendus". Yves Bady, artiste
 

 

Le Liban, sur des images d’enfance



Elle réalise en 2010 son premier reportage à l’étranger, au Liban, en 2 fois une semaine. Elle ramène des photos différentes, sur un pays tellement photographié. Des images qui sont aussi nouvelles que simples, une vision sans apriori, sans modèle à respecter, sans nulle autre motivation que celle de voir et de témoigner. La proximité entre le luxe et la misère y est représentée, mais aussi les petites histoires de la vie quotidienne, la campagne, les vestiges historiques, le Liban dans sa diversité et son originalité.

« J’étais enfant quand j’ai vu à la télévision les images de la « guerre des deux ans » au Liban. Je me souviens d’un choc émotionnel, mélange de honte et d’incompréhension, face à ses images de tueries entre factions chrétiennes et palestiniennes. 35 ans après, je voulais y aller, tenter de comprendre et témoigner. J’ai été étonnée que les murs en parlent encore.» 

 

Yves Bady, ses modèles et Catherine Beudaert



Yves Bady, peintre, graphiste et photographe, lui demande de réaliser le making of de sa nouvelle série de « tableaux » photographiques consacrée à des personnalités françaises, chacune reconnues dans leur domaine.  Du professeur Bernard Devauchelle  à Pierre Emmanuel Taittinger en passant par Albert Uderzo, Hugues Aufray ou Maud  Fontenoy, ce sont  100 personnalités, médiatisées ou pas, que Yves Bady a « portraiturées » et que Catherine Beudaert a séquencées dans leurs rapports avec le décor et le photographe. L’ensemble des images, portraits et coulisses, sont réunis dans un livre objet  et ont été exposées au Fouquet’s en décembre dernier. Une deuxième série de portraits est déjà envisagée et Catherine Beudaert  sera là, discrète et attentive pour saisir les meilleurs moments de cette deuxième aventure « people ».

 

Négatif Plus pour l’ambiance et la proximité

 

« Même si je suis très autonome dans le traitement de mes images via l’ordinateur et l’imprimante, Négatif Plus est le laboratoire qui a ma préférence ; pour l’ambiance d’abord, libre et dynamique, et pour sa situation au Nord de Paris, ce qui est pratique quand on habite Compiègne. » 


Depuis 2010, la photographie occupe Catherine Beudaert à plein temps. Elle est actuellement sur plusieurs projets : « Vestiges » sur les friches industrielles et « French Heritage » variation sur le made in France. Et bien d’autres sont en préparation : au Vietnam, en Nouvelle Calédonnie, en Equateur, …, comme s’il y avait urgence à rattraper le temps perdu. 

http://www.catherinebeudaert.com/
 



 
 
Numéro : 25 Spécial Catherine Beudaert
Avril – Mai – Juin 2012


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