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En photo Publié le 26 juillet 2015

Gueule d’Ange – Numéro 26 – Denis Boussard

Denis Boussard habite du côté de la Bastille. Il vous reçoit dans un vaste loft, au coin du bar, bien plus tranquille que celui des cafés branchés qu’il surplombe de quelques étages. 

Le lieu est accueillant ; la bibliothèque salon, presque exclusivement photographique, distribue les pièces qui donnent sur d’autres ruelles pittoresques et animées. Un petit labo y est installé et l’espace se transforme à volonté en un beau studio lumière du jour ! Mais si on s’attend, environnement oblige, à rencontrer un photographe de mode à l’excentricité communicative, il faut vite se mettre au diapason d’un artiste plus sage, à la sensibilité toute photographique. 
 

Denis Boussard

Dans l’intimité des bolides


 

L’apprentissage sur le circuit du Mans



Denis Boussard est passionné de photographie depuis l’enfance. Au collège, elle faisait déjà partie de ses loisirs et il y consacrait la plupart de ses week-ends. Né au Mans, il s’intéresse aussi, comme la plupart des manceaux, aux sports mécaniques et en fait son premier sujet de reportage, C’est autour du circuit qu’il expérimente les techniques de prise de vue, c’est aussi grâce à ce lieu mythique que la passion devient très vite un métier. «Equipé d’un Leica M d’occase, j’étais présent sur toutes les courses et manifestations organisées sur le circuit, j’envoyais mes images aux journaux locaux et à l’AFP. Mes photos ont fini par être remarquées. J’avais 18 ans, quand un reporter parisien m’a demandé de le rejoindre au sein de l’agence qu’il venait de créer. Sans hésiter, j’ai délaissé études, famille et province pour une vie professionnelle à Paris, une vie que je n’avais même pas osé imaginer ou convoiter. Je suis passé d’un coup de l’amateur, jeune et inexpérimenté, rivé au manège envoûtant des poursuites automobiles, au statut de photographe professionnel voué à la diversité des sujets. »

 

Photographe de mode et de publicité



Cantonné aux travaux de laboratoire, Denis Boussard quitte l’agence et intègre le studio Pin’Up où il reste près de deux années, sous l’influence bénéfique de son créateur, le photographe Jacques Bergaud, personnage charismatique et visionnaire qui fit de Pin’up, dans les années 80, le carrefour international de la photographie de mode. Il y apprend la lumière en studio et côtoie tous les grands noms de la photo de mode. C’est là qu’Il se lie d’amitié avec Oliviero Toscani dont il devient l’assistant. Deux nouvelles années d’influence productive, tant sur plan personnel que professionnel, qui le mènent à son indépendance.« Je n’ai jamais été un fou de voitures ou de motos. Je suis motard, mais ce sont les mécaniques anciennes qui m’intéressent, l’esthétique des cylindrées plus que la vitesse et le surplus de testotérone qui leur sont associés. Dès mes premières images sur les circuits, les gens ont eu la priorité ; leurs attitudes, leurs relations à la machine, leur regard, leur histoire, confrontés à l’évolution des technologies. Cette proximité avec la personne, cette recherche de contact, m’a naturellement porté vers la photographie de mode, puis la publicité avec modèles. » 


 

Photographe « On The Road »



Aujourd’hui, après de nombreuses expériences et réussites professionnelles, la mode et la publicité demeurent le cœur de métier de Denis Broussard. Celio, Yamaha, Motul, ,1,2,3, Rodier, …, sont parmi ses principaux clients, mais le thème des sports mécaniques n’a jamais quitté son imaginaire.« Au-delà de la publicité et des campagnes d’envergure qui monopolisent toute mon énergie, je suis de plus en plus intéressé par la réalisation de livres. Proposer le sujet, trouver le graphiste, le journaliste, l’éditeur ; photographier, mais aussi participer à toutes les étapes, de la sélection des photos à l’impression. »Deux livres sont déjà parus. Le dernier en date, « Passion Le Mans », met en regard les attitudes des pilotes d’avant avec celles des pilotes d’aujourd’hui. Les images ont été réalisées, entre 2006 et 2010, lors des courses de voitures anciennes et contemporaines qui se tiennent chaque année sur le circuit du Mans. Le premier, « No Limits », est un livre objet édité en 2006 par E/P/A, sur un texte de Vincent Perrot. Il retrace la fameuse quête de records de vitesse durant la speedweek à Bonneville, dans l’immensité du désert blanc. C’est depuis plus de 60 ans le rendez-vous de tous les pilotes de vitesse auto et moto, les photos auraient pu être vives et étincelantes, saturées et filées, comme la plupart de celles qui illustrent nos magazines, mais non, Denis Boussard arrête le mouvement pour comprendre et imager la retenue et le calme, la concentration et l’amour de sa machine, nécessaires à l’exploit. Sur certaines images on pense à Shöji Ueda, photographe de l’attente. Attente face à l’immensité, attente de l’instant où tout s’équilibre. Ce qui est remarquable dans les photographies de bolides de Denis Boussard, que ce soit sur le circuit du Mans ou à Bonneville, c’est le silence et la sérénité qu’il y installe. La force du cadre, le plus souvent carré, la douceur de la lumière et l’équilibre du sujet, font taire le tumulte ambiant, pour imposer la beauté du sujet ou révéler l’intimité entre l’homme et sa machine. Feuilleter « No Limits » ou « Passion Le Mans » , ses deux derniers ouvrages, c’est découvrir le sport automobile sous un nouveau jour, moins métallique, plus humain. 


 

Rolleiflex et Canon numérique



« Je ne suis pas un spécialiste du matériel. Pour les photos liées à l’édition je travaille en argentique, le plus souvent en en noir et blanc, au format carré du Rolleiflex bi-objectif, appareil mythique qui s’inscrit dans l’idée de pose, de lenteur et de connivence avec son sujet. Pour la mode et la publicité, je suis passé au numérique depuis plus de 10 ans, principalement en Canon, mais je loue en fonction des commandes. C’est vrai aussi pour les studios que je loue plus que je n’utilise celui à mon domicile. »


 

Négatif Plus, le laboratoire de confiance



« J’ai longtemps tiré moi-même mes photos, mais aujourd’hui je préfère les confier à des laboratoires de confiance et principalement à Négatif Plus, pour les tirages couleur, jusqu’au format 40 x 50 cm. Le rapport qualité/prix proposé par le laboratoire de la rue Lafayette est sans concurrence et l’accueil est toujours égal, dans la bonne humeur et sans prise de tête, ce qui est trop souvent le cas dès que le labo commence à gagner un peu de notoriété. »

Niels Sidsel


http://denisboussard.com/
 
 
 
Numéro : 26 Spécial Denis Broussard
Juillet – Aout – Septembre 2012


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