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En photo Publié le 8 juillet 2015

Gueule d’Ange – Numéro 8 – Luigi Di Donna

En lumière naturelle


La plupart des photographes vous diront qu’ils sont tombés dans le bain de révélateur tout petit, qu’ils ont grandi au D76 et succombé aux charmes de leurs aînés, citant Doisneau, Bresson, Weston, …, pas Luigi di Donna. Lui, son univers c’est la mode, ses modèles les créateurs de mode et sa passion l’image, qu’elle soit photo au cinéma. Il aime raconter des histoires, travailler en équipe et traquer les émotions. Toujours en lumière naturelle.

Luigi di Donna évolue dans le milieu de la mode depuis l’âge de 10 ans. Dans les années quatre-vingt, son oncle achetait les tissus pour la haute couture. Avec lui, il a parcouru le monde à la recherche de nouvelles matières et de motifs originaux.

« De 10 à 18 ans, j’ai dû passer par une vingtaine de pays, les yeux grand ouverts sur les créateurs et leurs modèles, immergé dans cet univers de la mode que tant mystifient, que d’autres détestent, qui catalyse souvent les passions.» Il y vit son enfance et son adolescence, et ne peut s’en échapper, la mode fait partie de sa vie. Il commence par une école de stylisme à New York, puis se dirige vers la photographie. Il entre à l’école Louis Lumière où déjà ses images sont remarquées par l’un des grands noms de la photographie de mode, venu en observateur. « Il est vrai que pour un simple exercice scolaire, je m’entourais de vrais professionnels du maquillage et mes mannequins faisaient les couvertures des magazines, alors mes

images sortaient du lot, c’étaient vraiment des photographies de mode. » Il assistera 2 ans, à New York, ce photographe (dont il refuse que l’on cite le nom pour ne pas avoir à justifier et à commenter cette illustre référence), avant de signer lui-même les éditoriaux et portfolios, et obtenir la reconnaissance des magazines Zoot, Profil, Posh, …, Pool ou du magazine Façonnable et même de Fashion TV. Certes, il n’a pas signé

de grandes campagnes de mode, et n’a pas fait les couvertures de Vogue, mais Luigi di Donna est assurément l’un des noms qui comptent dans la photographie de mode actuelle. « Les grandes campagnes de mode, les magazines prestigieux, ne m’intéressent pas. C’est trop de contraintes. Je privilégie avant tout ma liberté de création. Je veux pouvoir choisir mes mannequins, mon stylisme, raconter mes histoires dans les décors qui correspondent à mon imaginaire. Et puis, peut-être que tout simplement, je ne suis-je pas prêt. »

 

La photographie comme cinéma


Luigi di Donna photographie la mode naturellement. C’est son univers, sa respiration. Ses photos sont différentes, surprenantes par le choix des décors, la lumière et surtout le cadre où l’on retrouve par moments l’étincelle de génie d’un Irving Penn, qui fait que d’une image techniquement parfaite on atteint l’émotion. « Je ne travaille qu’en lumière naturelle et en argentique, noir et blanc ou couleur. Ce qui importe, c’est le feeling et l’histoire que mes images racontent. En lumière naturelle, je ressens mieux les ambiances et ma maîtrise de l’argentique rend la technique transparente, laissant toute la place à la relation entre les personnes et à la composition du cadre. Je ne retouche pas mes images ou très peu. Pour moi une séance de photos sans maquilleur et coiffeur est inenvisageable. Tout se passe au moment de la prise de vue, en équipe, comme au cinéma. »

Cinéma, le mot est lâché. C’est certainement lui qui caractérise le mieux les images et le travail de Luigi di Donna.Il aime raconter des histoires et s’appuie souvent sur de vrais story-boards, il travaille en équipe, affectionne les castings et les repérages de lieux. Le choix du mannequin et la découverte de décors originaux sont décisifs. Il aime détourner les lieux de leur fonction, les rendre étranges, décalés. Il choisit par exemple la Maison-Blanche, le  Plazza, une friche industrielle ou les locaux XXO de création de mobilier.

 

Une équipe au service d’une idée, d’un imaginaire


Le lendemain de notre entrevue, Luigi Di Donna partait quatre jours à Monaco pour le magazine Façonnable. Il y photographiera la prochaine collection été de la marque dans une ambiance familiale très chic, dans les décors luxueux de la côte d’Azur : yacht, casino, tennis, piscine, villa. Il dirigera une équipe de 30 personnes, entre les mannequins (deux hommes, deux filles et deux enfants), les coiffeurs, maquilleurs, stylistes et assistants, et pourtant je ne décèle aucune appréhension, tout semble déjà ordonné et prêt à s’inscrire sur la surface argentique.

« Je n’attends rien du hasard et je crains peu les aléas. J’ai une idée précise des images que je veux réaliser. Tout a été organisé en amont. Je travaille toujours avec la même équipe, j’ai choisi les mannequins en fonction du caractère de la prise de vue et je peux me fier à mon expérience et ma maîtrise technique. »

Côté laboratoire, c’est aussi la relation d’équipe qui est privilégiée : « Je pourrais fréquenter les grands labos, mais je préfère confier mes développements films et mes tirages à Négatif Plus. Voilà plus de huit ans que je pratique ce laboratoire. Les techniciens sont arrangeants, toujours prêts à me rendre service et le sérieux des traitements n’a rien à envier aux laboratoires plus prestigieux. » On ne peut clore ce portrait sans ajouter que Luigi di Donna crée régulièrement des événements médiatiques (expos, soirées, ..) au bénéfice des oeuvres humanitaires où il fait intervenir les grandes marques de la mode et du luxe. Il aide aussi les jeunes créateurs de mode à développer l’originalité de leurs collections telle Louise Piquant. Une manière d’être qui l’honore. Quelqu’un de généreux.

« Pour moi, être photographe de mode n’est pas un métier, mais une passion qui tient de l’essentiel, du vital. Je ne photographie ni pour l’argent ni pour la gloire, mais pour vivre. Au sens large du terme : en créateur. »

« Sans coiffeur, sans maquilleur, pas de photo! Tout se passe au moment de la prise de vue, il n’y a pas de place pour la postproduction.»


Niels Sidsel

http://www.luigididonna.chicbook.com/

 
 
Numéro : 08 Spécial Luigi Di Donna
Janvier – Fevrier – Mars 2008

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