En photo Publié le 27 juillet 2015
Gueule d’Ange – Numéro 27 – Elodie Daguin
Les belles rencontres d’Élodie Daguin
C’est sur son I-phone qu’Élodie Daguin m’a présenté ses photos. De ce fameux geste de l’index, à la fois régulier et désinvolte, les images se sont succédées, sans commentaire, seulement quelques pauses dans le rythme pour citer le nom d’un mannequin, styliste ou annonceur. Sans phrases superflues, sans concept ou mots séducteurs, les photos ont défilé sur plusieurs années, du portrait à la mode, de la commande à la recherche personnelle. S’imposant d’elles-mêmes. Comme une succession de petites histoires reliées par la mélodie d’un style photographique affirmé.
« Chaque image est une aventure… »
Elodie Daguin est sûre d’elle et de ses images. Cette attitude, franchement exaspérante chez la plupart des photographes, est ici naturelle et enjouée. Elle semble émerveillée de revoir avec vous ses images qui sont chacune, comme elle le dit, le souvenir de belles rencontres, que ce soit avec un directeur artistique, un styliste, ou une équipe. Des bas bleus étirés sur fond coloré aux belles alanguies sur des canapés installés dans les sous-bois ; de la Mustang accueillant de beaux jeunes hommes chemisés en col pointu aux bouées multicolores ceinturant des modèles éperdues, les photos d’Élodie Daguin, réalisées dans l’enthousiasme et la joie, crépitent d’espièglerie et d’anecdotes. « Chaque image est une aventure. L’excitation de la commande puis celle de l’idée ; la rencontre et la formation de l’équipe, c’est toujours un plaisir d’être ensemble, de construire une histoire. Les photos peuvent se faire en peu de temps, comme dernièrement, cette série que nous avons proposée à BITE magazine. En amont ce sont des journées de préparation, de recherche de lieux, de castings de mannequins, de lumières, de rencontres, d’émulation, … Et favoriser les instants magiques du moment de prise de vue.»
Photographe et graphiste
Elodie Daguin commence ses études par les Beaux Arts mais abandonne au bout d’une année, la contrainte semble essentielle à la création et cette liberté est trop vaste et expérimentale. Elle a besoin d’une direction artistique. Elle choisit les arts appliqués et s’y révèle. « Je me suis alors dirigée vers la photographie, après mon diplôme d’arts appliqués, pour laquelle j’ai toujours eu une attirance particulière et pour l’image en générale, le graphisme s’y porte également, il s’agit là d’une continuité, d’un lien évident. J’ai passé deux années à l’école des Gobelins, où j’ai acquis méticuleusement le bagage technique nécessaire à la pratique de la photographie professionnelle ». Sortie en 2010, elle fait un de ses stages à New-York, en tant qu’assistante de John Francis Bourke, photographe de mode qui fut assistant d’Irving Penn. Un beau tremplin pour les années professionnelles.
« Je voulais faire mon stage à New-York ; c’était l’occasion de partir. J’ai beaucoup appris avec John Francis, et le patronage d’Irving Penn, même lointain, à travers l’expérience et les souvenirs de John Francis, a aussi été une belle histoire. De manière complète, j’étais aussi bien sa graphiste, que sa retoucheuse, que son assistante plateau, il m’a également laissé un grand champs de liberté. »
Aujourd’hui, toute jeune photographe et graphiste freelance – 26 ans la semaine dernière -, elle partage son temps à parts égales entre l’édition et la photographie de mode et de portrait.
« J’ai de plus en plus de commandes. Je travaille souvent avec les mêmes stylistes et modèles, nos réseaux et nos univers se croisent, mais ce sont les directeurs artistiques et les stylistes, les clients directs qui m’appellent. Décors naturels ou studio, les lumières sont le plus souvent épurées, simples, furtives. Une seule source me suffit. »
« Je maîtrise la technique, mais ce n’est pas l’essentiel pour moi, ça ne m’intéresse pas plus que cela, dans la mesure ou je suis capable de faire ce que je veux. Quand cela est possible, j’aime photographier en décors naturels. J’aime aussi travailler en studio, mais il faut être plus préparé, organisé, il y a moins de place pour l’imprévu. Je travaille avec un canon 5D, et parfois en argentique, mais de moins en moins souvent. »
La photographie d’Elodie Daguin intéresse aussi le monde de l’art. La galerie en ligne SAKURA présente plusieurs de ses images et l’espace Pierre CARDIN l’a exposée lors de la manifestation FOTOFEVER.
Lauréate du concours EXPO 2011
Lauréate ex aequo du concours « Expo » 2011 organisé par Négatif Plus auprès des photographes amateurs et professionnels, Elodie Daguin a partagé les cimaises du 108 rue La Fayette avec Léo Caillard, également issu de l’école des Gobelins et invité spécial du Gueule d’Ange n°23.
« Léo est un perfectionniste, ses photos sont imposantes, tant par le concept que par le travail de postproduction, très élaboré. Je suis plus intuitive. Je m’appuie sur les possibilités de la relation avec les gens que je photographie, le hasard des rencontres, des lieux, relativement à l’instinct. Même si mes images sont généralement construites en amont et élaborées en équipe, je suis plutôt dans l’intime … »
Ce sont en effet deux univers différents qui ont cohabité au 108, mais ces deux photographes là sont bien de la même école : même exigence formelle, même soif d’images, avides d’expériences et de rencontres, nouveau jour, moins métallique, plus humain.
Négatif Plus : Son labo.
La rencontre avec Négatif Plus s’est faite à l’occasion du concours. La relation qui s’est nouée à ce moment là a été forte.
« J’ai apprécié que l’on fasse autant attention à mes images, qu’un vrai dialogue s’instaure pour que chaque visuel exposé soit au mieux, tant au niveau du rendu que du format et de la présentation, de la scénographie. On a passé du temps à discuter, à tester, pour que l’expo soit réussie. Et depuis Négatif Plus reste mon labo, ils connaissent mes images, et le rendu que je souhaite, je l’impose la plupart du temps sur mes projets. »
Niels Sidsel
http://www.elodiedaguin.com
Octobre – Novembre – Décembre 2012
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