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En photo Publié le 28 juillet 2015

Gueule d’Ange – Numéro 28 – Nathalie Mourot

Cheveux flamboyants et habits vert pomme, les couleurs sont au rendez-vous. Rien d’étonnant quand on connait les photos de Nathalie Mourot, entières de couleurs et de contrastes. 

Cheveux flamboyants et habits vert pomme, les couleurs sont au rendez-vous. Rien d’étonnant quand on connait les photos de Nathalie Mourot, entières de couleurs et de contrastes. Régulièrement, elle attise de sa main l’épaisse chevelure, parle beaucoup, exprime à la fois son expérience et ses doutes vis à vis d’une profession qu’elle n’a pas vraiment choisie, qui s’est imposée à elle au fil des rencontres. Elle raconte des anecdotes sur la toute dernière campagne Williams retoquée pour abus de sensualité par « les chiennes de gardes », dit son intérêt pour l’enseignement, revient vers ses premières amours de faire du film. Dans le mouvement perpétuel des idées, elle veut tout dire, tout raconter.
La rencontre avec le photographe Jean-Jacques Bugat, ami de Guy Bourdin et proche d’Andy Warhol, est décisive, source inépuisable de confiance ; la signature photographique des grandes campagnes publicitaires nationales pour Decathlon, Celio ou Société Générale la rassurent et lui permettent de briguer d’autres commandes importantes. Mais le doute n’est jamais loin. C’est ce doute qui la pousse régulièrement vers de nouvelles recherches graphiques et conceptuelles, lui évite l’enferment dans une technique et une expérience aveuglante, fait d’elle une photographe créative et libre. Une photographe heureuse…

 

Au hasard des rencontres et des amitiés



Assistante de Jean-Jacques Bugat, freelance, elle réalise comme beaucoup des tests auprès des agences de mannequins. À 26 ans, elle enseigne la photo à Paris VIII, puis signe ses premiers éditos pour le magazine ELLE, en 2000. Les premières grandes campagnes publicitaires suivent, notamment pour Volkswagen. On lui reconnaît un style, des couleurs et un univers « spontané » qui lui sont propres. Son talent particulier pour mettre les gens à l’aise, son goût de la mise en scène, lui permettent de multiplier les rencontres et les amitiés. Les équipes, annonceurs et directeurs artistiques se succèdent, ils s’éprennent de cette jeune photographe mignonne et talentueuse. 
 

« Ma vie professionnelle tient en une succession de hasards heureux. Je suis attiré par l’humain, mais au départ l’univers de la mode, plutôt machiste, ne m’intéressait pas forcément. Même la photographie n’était pas un but, je lui préférais le film. Les rencontres en ont décidées autrement. »


Aujourd’hui, elle continue une carrière enviable dans le monde de la mode et de la publicité. Noir et blanc, couleur, en studio et en extérieur, son style et son caractère chaleureux, s’imposent, mais elle s’aventure plus volontiers dans le portrait d’artistes, des photos plus intimes. Ses recherches personnelles incessantes, lui permettent aussi d’exposer et de vendre ses œuvres.

 

Photographe de l’instant



Même en mode et publicité, Nathalie Mourot fait appel à la magie de l’instant. Elle favorise le mouvement, les couleurs et le contraste, cherche, le geste, l’attitude, le regard, qui provoquera l’étincelle, fera la différence. 

« J’essaie au maximum  de laisser rentrer une part d’imprévu, ce sont les conditions de travail que je préfère, j’adore devoir m’adapter à un lieu, des gens, un espace que je ne connais pas. Je préfère souvent les lieux décalés aux studios photos. En studio il n’y a pas de challenge, tout est habituel, on agit presque par automatisme. Malgré les contraintes de préparation propres à toute commande, j’aime être dans l’instant, faire des photos, pas seulement des mises en scène. On prépare les lumières, les décors, tous les impératifs techniques, mais ce que l’on cherche, c’est ce moment presque intime où le sujet va lâcher prise. C’est toujours une aventure à ne pas manquer. »

 

Photographe, tout simplement



Comme aimait à le dire d’elle Lucia Moholy Nagy, Nathalie Mourot, est tout simplement une photographe. Elle peut tout photographier avec autant de plaisir et de réussite. Se balader, ressentir les lieux et les êtres puis photographier, avec ce style très personnel : couleurs vives et contrastes tranchants, équilibre fragile et provocations graphiques, mais toujours très « cadré », très photographique. Qu’elle photographie une ville et ses habitants lors d’une résidence d’artistes au Brésil, des accessoires de mode pour Chanel, ou le poète Saul Williams, c’est la même écriture. 
 

« Mon approche photographique du portrait, ce que je vais chercher en priorité, c’est «l’ autre», celui ou celle avec qui je vais partager un moment. Ma quête, c’est de capter un moment spontané du sujet, un instant vrai, une ligne franche, peut être entre deux conversations, un moment d’oubli, où le sujet réagit mais n’agit pas en fonction de l’appareil qui le vise. »
 

 

Le plus beau métier du monde

 

« Il n’y a pas d’autre métier qui puisse me plaire à ce point. C’est une telle  liberté de pouvoir choisir les sujets  qui m’intéressent. Partir en « errance photographique » suffit à mon bonheur. Pas besoin d’un public comme pour les comédiens, seulement soi et son boîtier. Il y a bien entendu des périodes difficiles, où les commandes se font plus rares, c’est le prix de la liberté et aussi celui de n’avoir jamais voulu être mise dans une case, un genre spécifique.»


Et Nathalie Mourot ne peut pas se plaindre des absences de commandes. Des éditos pour la presse féminine nationale et internationale (Elle, Jalouse, Femme, Pool, Vision, Inouï,…), aux campagnes de mode et de publicité des grandes marques (VW, Decathlon, Celio, Williams,…), en passant par les portraits d’artistes et les recherches personnelles qui débouchent le plus souvent sur des expositions en France et ailleurs, elle est vraiment très prise. « Parfois, c’est beaucoup de stress. Je suis dans une période où je privilégie les portraits d’artistes dans leur intimité, au fil des rencontres et les sujets personnels qui prennent plus de temps, mais c’est ce qui me plait en ce moment. La photo expérimentale me passionne toujours autant qu’à mes débuts : par exemple, me servir d’un scanner comme appareil photo, mettre mes images sous l’eau comme pour la série « Watertherapy » qui est toujours en évolution. »

 

De l’argentique au numérique



Nathalie Mourot a longtemps travaillé au Mamiya RZ67 et continue à utiliser son contax, mais la majorité des prises de vues est réalisée en numérique, avec un Canon ou un dos Phase One monté sur un Hasselblad. Ses optiques préférées sont le 50 mm et le 85 mm. Pour elle, la technique n’est pas un problème, il faut savoir l’oublier un peu pour rester en éveil. Je ne suis pas intéressée par les boitiers numériques. Aujourd’hui, on est sur-assisté, et je préfère me concentrer sur les images, oublier la technique. J’ai un 5D comme beaucoup de mes confrères, mais le plus souvent je loue le matériel qui convient à la prise de vue. La surenchère aux millions de pixels, ça m’agace ! L’assistant numérique gère la technique, Les appareils se ressemblent, la technique photo est plus transparente jusqu’au noyau dur : l’ordinateur. Ceci dit, j’avoue que le Fuji X pro attire mes convoitises… »

Nathalie Mourot aime toujours le beau noir et blanc. Elle tire elle-même ses épreuves dans un petit labo installé à la campagne, sur l’agrandisseur de Guy Bourdin ! De quoi faire rêver bien des photographes…

 

Négatif Plus, depuis plus de 10 ans



« Je travaille avec Négatif Plus depuis plus de dix ans. L’équipe est très sympathique et à l’écoute.  Si je ne suis pas particulièrement exigeante sur un recadrage, je suis très pointilleuse sur la chromie. Mes couleurs, j’y tiens, elles doivent non seulement respecter le fichier original, mais aussi mon style, mon imaginaire… très coloré !
Négatif Plus l’a bien compris.»



Nils Sidsel


http://www.nathaliemourot.com/





 

 
Numéro : 28 Spécial Nathalie Mourot
Janvier – Fevrier – Mars 2013


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